Logo Also Consulting Horizontal

Évolution rapide et haussière des taux d’actualisation IAS19 depuis début 2022 : une anticipation durable de l’inflation ?

25 Fév 2022 | Also Décrypte

Les taux d’actualisation utilisés pour calculer les engagements (IAS19 – IFRS) doivent correspondre selon la norme aux taux d’emprunts des entreprises de 1ere catégorie (AA). Sur le marché français, les taux de l’indice IBoxx Corporate AA sont une référence très régulièrement utilisée (quel que soit le référentiel comptable d’ailleurs). Ces taux correspondent aux obligations des sociétés cotées AA du secteur privé et de la zone euro, la duration des taux étant choisie en fonction de la maturité des engagements évalués. Si ces taux sont régulièrement en baisse depuis de nombreuses années, leur remontée sur ce premier trimestre 2022 est tout à fait remarquable, passant de 0,9% en décembre à plus de 1,5% vendredi dernier pour les taux les plus longs… Mais que se passe t-il ?

 

Contexte économique actuel :

Le monde connaît actuellement une crise « nouvelle » avec l’apparition de la COVID à laquelle il doit faire face depuis plus de deux ans créant une incertitude forte sur la vie économique mondiale. Les marchés ne peuvent anticiper les évolutions à venir à l’image des évolutions du virus (par exemple, durant le dernier trimestre 2021, sa réapparition avec le variant DELTA puis le variant OMICRON). A cela s’ajoute une inflation qui semble s’installer dans le temps contrairement aux différentes prévisions initiales. A ce titre, la FED et la BCE ont éliminé le fait temporaire de l’inflation dont la hausse vient en particulier de la hausse des prix de l’énergie. Cette hausse laisse d’ailleurs craindre une baisse du pouvoir d’achats des ménages et donc des potentielles revendications en faveur d’une revalorisation des salaires, créant par conséquence une montée de prix des biens et des services, et donc de l’inflation. De plus, l’inflation risque de perdurer davantage avec l’invasion russe en Ukraine ce jeudi 24 février 2022. Au-delà des tensions diplomatiques des problèmes économiques risquent d’apparaître tel que des difficultés d’approvisionnement de matières premières (gaz, pétrole, blé).

La BCE devrait d’ailleurs annoncer courant mars ses prévisions d’inflation en zone euros pour les deux prochaines années. Mais au vu de l’accélération de la détérioration de la situation entre la Russie et l’Ukraine, une incertitude subsiste sur cette annonce.

Même si elle est en grande partie liée aux politiques monétaires très accommodantes de ces dernières années, les banques centrales ont cependant émis le souhait de lutter contre cette inflation, en particulier aux Etats Unis où la Fed doit lutter contre une hausse des prix généralisée de l’ordre de 7% sur un an glissant.

La BCE, pourrait ainsi s’inspirer de la FED en optant pour un durcissement de sa politique monétaire ; elle a annoncé la possibilité de remonter ses taux d’intérêt mais sans se prononcer sur une date à ce stade.
Dans ce contexte de forte inflation qui semble vouloir se prolonger, les taux d’emprunts ont connu une forte augmentation durant ce début d’année 2022, les marchés montrant par là-même qu’ils intégraient cette inflation « long terme » dans leurs pricings.

Pour illustrer nos propos, différents chiffres clés et graphiques sont présentés ci-dessous. Les taux IBoxx Corporate AA selon différentes durations depuis fin novembre 2021 ont été reportés ci-après :

Excepté une légère baisse début décembre, les taux n’ont cessé d’augmenter depuis mi-décembre avec en particulier une forte remontée durant les deux premières semaines de février (hausse d’environ 0,35%).
A titre illustratif, les évolutions en points de base (1 pb = 0,01%) ont également été reportés dans le tableau ci-dessous selon différents intervalles de temps :

L’écart entre le taux iBoxx Corporate AA 10+ sur une année glissante (entre le 18/02/2021 et le 18/02/2022) ressort à 0,91%.
Une tendance assurément à suivre, en particulier pour anticiper l’impact sur la charge comptable 2022 des entreprises, qui pourrait en être largement affectée. En effet, si la variation des provisions impactera (à la baisse) principalement les capitaux propres, la hausse de l’interest cost et la baisse du service cost pourront modifier sensiblement le compte de résultats pour les entreprises concernées par un changement de taux en cours d’année.
Il conviendra ainsi de surveiller ces évolutions suite aux éventuelles annonces de la BCE le 10 mars prochain ainsi qu’au regard de l’invasion russe qui laisse peser une incertitude qui pourrait profiter aux obligations d’états dont la remontée pourrait ainsi être limitée.

x
Share This